Historiquement élevés, les coûts de la construction commencent leur décrue, selon l’Insee

DÉCRYPTAGE. Les index de prix pour le bâtiment et les travaux publics du mois de décembre 2022 confirment globalement une stagnation, voire un repli des coûts. Le contexte économique toujours très incertain incite toutefois à la plus grande prudence sur l’évolution des prochains mois.

C’est un cheval de bataille des professionnels du bâtiment depuis de longs mois. Depuis la survenue de la pandémie de Covid, le chamboulement des chaînes mondiales d’approvisionnement a entraîné une inflation générale, qui n’a pas épargné les matériaux et équipements de construction. Alors que les coûts (énergie, transport…) ont grimpé, le déclenchement de la guerre en Ukraine a encore fait flamber les cours des marchés énergétiques, le tout dans un contexte économique international marqué par le spectre de la récession et la hausse des taux d’intérêt.
Mais après un exercice 2022 compliqué, l’année 2023 va-t-elle marquer le pas ? C’est ce que laisse penser la dernière publication des index bâtiment et travaux publics de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) de décembre 2022. Ces indicateurs, arrêtés au mois de septembre, témoignent d’une baisse des coûts de la construction. Pour une base 100 en 2010 et tous corps d’état du bâtiment confondus, l’indice était de 127,2 en octobre 2022 (idem en novembre) avant de refluer à 126,8 en décembre.
Le constat est le même dans les TP, où l’index général de l’ensemble des travaux est passé de 127,7 en octobre à 127,3 en novembre, puis à 126,5 en décembre. Certes, le recul n’est pas flagrant, mais il est réel. “La décrue de ces index est principalement liée à la décrue des matières premières, notamment les produits pétroliers et d’acier, qui se répercute ensuite dans les différents indices selon leur part entrant dans la composition des matériaux”, explique Nicolas Studer, chef de la division indices des prix à la production à l’Insee, à Batiactu.

Rénovation : “Faisons confiance aux artisans”, plaide Benoit Bazin (Saint-Gobain)

ÉDITION SPÉCIALE. Invité de l’Édition Spéciale de Batiactu depuis EnerJ-Meeting Paris 2023, le directeur général de Saint-Gobain a formulé des propositions pour que la politique de rénovation énergétique mette les bouchées doubles, avant de détailler la décarbonation des produits commercialisés par son groupe. Retrouvez l’interview en vidéo.

Dans le cadre d’EnerJ-Meeting 2023, la Journée de l’efficacité énergétique et environnementale du bâtiment qui s’est tenue le 9 février dernier à Paris, la rédaction de Batiactu a reçu lors d’une Édition Spéciale le directeur général de Saint-Gobain, Benoit Bazin.

Le dirigeant est revenu plus longuement sur son idée d’un “plan Marshall” de la rénovation énergétique et sur la politique de décarbonation des produits de construction commercialisés par son groupe. Pour contrer les éventuelles attaques de “greenwashing” et démontrer que la production d’une entreprise peut être compatible avec la préservation de l’environnement, il a aussi détaillé sa notion de “capitalisme vert et responsable”.

Deux modules spécifiques de formation à la rénovation énergétique arrivent dans les CFA

APPRENTISSAGE. Le programme Feebat a commencé à déployer dans des lycées et OFA-CFA deux premiers modules dédiés à la rénovation énergétique, afin d’initier les futurs professionnels du bâtiment à ces enjeux prépondérants. Les équipes pédagogiques mettent en avant des ressources variées et des activités innovantes.

Les deux premiers modules du programme Feebat ont commencé à être déployés dans des lycées professionnels et technologiques et des OFA-CFA (organismes de formation par l’apprentissage – centres de formation des apprentis). Lancé en 2007 dans le cadre du dispositif des certificats d’économie d’énergie (CEE), Feebat (programme national de formation aux économies d’énergie dans le bâtiment) ambitionne d’accompagner les professionnels pour les faire monter en compétences dans le domaine de la rénovation énergétique.

En septembre 2022, Catherine Gillet, qui pilote le programme, avait dressé un point d’étape du dispositif et précisé ses ambitions futures à Batiactu. La nouvelle convention Feebat a permis de renouveler ce programme jusqu’au 31 décembre 2025, en se calquant sur la 5e période des CEE. Pour rappel, le programme repose sur un partenariat avec le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, ainsi qu’avec le Comité de concertation et de coordination de l’apprentissage du bâtiment et des travaux publics (CCCA-BTP).

10.000 enseignants formés d’ici juin 2024

Une nouvelle étape a donc été franchie en ce mois de février : une trentaine d’enseignants viennent d’achever leur formation Feebat et vont pouvoir regagner leurs établissements afin d’initier leurs élèves aux enjeux de la rénovation énergétique des bâtiments, grâce à ces deux premiers modules consacrés aux enjeux de la rénovation énergétique et aux principes de la performance énergétique. Tous les apprentis préparant l’un des 120 diplômes de spécialisation dans le secteur du bâtiment (du CAP au BTS) sont concernés.

L’objectif est ambitieux : les équipes Feebat espèrent former 10.000 enseignants d’ici juin 2024, exerçant dans quelque 2.000 établissements publics et privés de métropole et d’outre-mer. À terme, plus de 100.000 élèves pourraient ainsi bénéficier de ces modules dans l’ensemble des filières : électricité/énergétique, gros-oeuvre/enveloppe du bâtiment, second-oeuvre/finitions, économie de la construction…

Le programme mise en effet beaucoup sur la qualité et la diversité de ses ressources pédagogiques. Des enseignants et formateurs ont validé 600 séquences utilisables aussi bien en présentiel qu’en distanciel, à la fois techniques (dossiers de projets de rénovations énergétiques de bâtiments représentatifs du parc français, guides de mise en oeuvre…) et ludiques (fiches de savoir-faire, fiches-mémo, corrigés…). Pour suivre l’acquisition des compétences par les étudiants, des tableaux de bord, supports d’évaluation et fiches d’auto-évaluation sont par ailleurs disponibles.

Deux autres modules disponibles l’année prochaine

S’agissant des activités, l’accent a été mis sur l’innovation pour capter au maximum l’attention des jeunes. Les professeurs pourront donc recourir à des applications de réalité augmentée, des jeux interactifs ou des immersions à 360°, des outils déjà validés par la session pilote qui s’est tenue en mai 2022 à Dijon.

Désormais, le programme prépare les étapes suivantes : le déploiement à l’ensemble du territoire des modules de formation, puis la mise à disposition, dans le courant de l’année 2024, des deux prochains modules dont la conception a déjà débuté. Ils porteront sur le diagnostic de rénovation énergétique et la conception des programmes de travaux de réhabilitation.

BATIACTU